Retour sur les fondamentaux : Le support papier en photographie

Avant de prendre vie sur papier, la photographie a d’abord existé sur des supports fragiles comme le métal et le verre. L’arrivée du papier a permis de faciliter la pratique, mais aussi d’obtenir des tirages plus solides et plus constants dans le temps. Retour sur les fondamentaux de la photographie, pour définir la création et l'évolution des supports papiers.
 
Bien qu’ils soient finalement assez nombreux à en revendiquer la paternité, il reste évident que la photographie telle que nous la connaissons aujourd’hui a pu se développer grâce aux recherches de plusieurs hommes. La première image fixée sur un support date de 1826, et a été réalisée par Nicéphore Niépce, ingénieur français, dans sa propriété de Saône-et-Loire. Il réussit ce jour là à retranscrire un paysage sur une plaque d'étain préalablement recouverte de bitume de Judée, pigment organique. Niépce décède en 1833, sans avoir eu le temps d’améliorer sa technique. Daguerre, poursuit les recherches et améliore la qualité de l’image tout en réduisant très considérablement la durée d’exposition. Des avancées majeures interviennent donc dès 1837.
Henri Fox Talbot, scientifique britannique, expérimente quant à lui le support papier, en l’imprégnant de nitrate d’argent fixé grâce à du simple sel alimentaire. En 1841, il protège ses recherches sur le développement de l’image latente sous le nom de calotype. Il devient ainsi l’inventeur de la photographie moderne par procédé négatif-positif. Parallèlement, à cela, Hippolyte Bayard, artiste français, entreprend des recherches de son côté pour obtenir directement des épreuves positives sur papier. Bien que ses découvertes soient probantes, au point d’organiser la toute première exposition de photographie en 1939, il ne fut pas reconnu par ses pairs. C’est ainsi qu’il mis en scène sa mort par noyade, dont la preuve fut apportée par la photographie. Ce qui sera également le tout premier autoportrait de l’histoire de la photo. (lien)
 
La paternité du support papier en photographie revient donc logiquement à Talbot et Bayard, qui ont apporté à la photographie la rapidité, la solidité et la reproductibilité. Atouts qui constituent aujourd'hui la définition même de la photographie. Si leurs techniques diffèrent, leur volonté de réaliser des images dupliquables sur papier est révolutionnaire. Vient ensuite Louis Désiré Blanquart-Evrard, chimiste et imprimeur, qui apporte une évolution aux calotypes de Talbot, notamment en utilisant du papier albuminé dès 1847 permettant d’exploiter commercialement ce procédé, afin d’obtenir des tirages photographiques positifs à partir d'un négatif. Enfin, le photographe français Gustave Le Gray, met au point en 1851, le papier ciré à sec, un support enduit de cire qui améliore la netteté de l’image obtenue. Blanquart-Evrard et Le Gray, tous deux pionniers de la photographie, ont utilisé les papiers de la maison française Canson pour obtenir leurs épreuves. Ces procédés ont été longtemps utilisés en photographie de paysage, d’architecture ou en nature morte.
 
Si la fabrication des supports papiers est ancestrale, les couches additionnelles photosensibles ont ainsi beaucoup évolué au fil des découvertes… En 1871, Richard Maddox, photographe et physicien, met en place la première émulsion au gélatino-bromure d’argent. Pour y ajouter quelques années plus tard du sulfate de baryum - également appelé baryte. C’est là qu’est né le papier baryté, toujours aujourd’hui parfaitement indétrônable en terme de support dédié.
Ce papier argentique (lire notre article sur le papier baryté), est un papier cartoline épais, recouvert d’une émulsion photosensible associée au sulfate de baryum, qui garantit la blancheur du papier et une bonne tenue dans le temps. Un support qui a longtemps inondé les chambres noires, avant de voir arriver le papier Resin Coated, appelé RC, composé d’un support polyéthylène (plastique imperméable) recouvert sur une face d’une gélatine contenant l’émulsion photosensible. Plus économique, il réduit également le temps de tirage. (lire notre article sur le papier RC).
 
Aujourd’hui les papiers barytés et RC ont évolué avec l’arrivée du numérique, et ont remplacé l’émulsion photosensible par un couchage micro-poreux afin de permettre les impressions jet d’encre pigmentaire.
 
 
Photo de couverture : © Marine Ferrante
 
 
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