Conseils de pros : L’importance de faire des tests de papiers pour révéler la puissance de ses images
Conseils de pros : L’importance de faire des tests de papiers pour révéler la puissance de ses images
Juliette Agnel est une photographe française de 45 ans qui explore les territoires. Du Mali à la Corée en passant par l’Islande ou la Norvège, elle ramène de ses périples, des paysages devenus presque irrationnels. Actuellement, sa série “Les Portes de Glace” est exposée simultanément à la BANQUE de Béthune jusqu’au 10 février et à Chaumont-Photo-sur-Loire jusqu’au 28 février.
Comme nous l’explique Juliette Agnel, le choix du papier pour ses images peut-être immédiat, mais nécessite parfois de prendre du temps et de passer par une phase de test avec lequel elle prendra le temps de vivre pour laisser se révéler la puissance de ses images…
“Parfois le choix du papier est évident, je sais précisément ce que je vais demander à mon tireur, mais d’autres fois, j’ai besoin de passer par une phase de tests. La dernière fois, j’ai testé 3 papiers (un duratrans, un papier mat, et un lambda) avec 3 rendus très différents. J’ai ramené les tests chez moi et ai vécu avec pendant presque un mois avant de prendre la bonne décision. C’était difficile car tout était intéressant : chaque papier emportait la photo vers un univers différent. J’ai ensuite fait un test à taille réelle, pour me décider, c’était un long processus, mais je suis ravie maintenant !
Les premiers tirages de ma série “Nocturnes” ont été réalisés sur du Duratrans pour les installer dans des caissons lumineux. Le rendu de ces images réalisées de nuit sublimait parfaitement le rendu. Pour ma série “Les Portes de Glace” j’ai choisi d’utiliser le papier Hahnemülhe Photo Rag ultra smooth (305g/m2 100% coton - blanc). Avec lui, l’image penche vers le dessin, il y a des détails qui s’effacent. D'abord parce que c’est un tirage jet d’encre et aussi dans sa matité. J’ai d’abord pensé que c’était dommage, et j’avais peur du côté séduisant. Et puis au final, j’avais vraiment envie de cette disparition, de me rapprocher d’une certaine picturalité. Je ne voulais pas avoir tous les détails qui risquaient de compromettre l’éloignement du réel souhaitée dans cette série. Pas question pour moi d’être dans la description de ces icebergs. L’évocation d’un autre monde, inquiétant et étrange était plus juste !
Chaque image évoque pour moi un objet final, donc une interprétation du fichier (ou négatif) par le tirage, un papier, un format, et un encadrement qui font ensemble, l’oeuvre. Ma démarche provoque une réflexion entière sur le fond et la forme, et qui ne peut pas exister indistinctement l'un de l'autre. Il peut donc y avoir des séries qui ont besoin d’un rapport avec l’image dans sa douceur, sa rugosité, ou sa transparence, et tout cela est à la fois un choix d’interprétation (du tirage, et en parallèle du choix du papier). Chaque série, dans mon cas, est différente, je ne produits pas seulement une longue et même série, et du coup il convient que je revois tout à chaque nouvelle série selon le sens que je souhaite lui faire porter.
Née en 1973, Juliette Agnel a fait des études d’arts plastiques et d’ethno-esthétique (Paris 1), et aux Beaux Arts de Paris (félicitée en 1999). Une rencontre avec Jean Rouch l’amène sur les routes de l’Afrique pendant plus de 10 ans. Soutenue par Michel Poivert qui l’invite au séminaire photographique en 2012, son travail sera exposé en Corée du Sud, en Norvège ou en France, notamment à la FIAC (Galerie Françoise Paviot - 2013), aux Nouvelles Vagues du Palais de Tokyo (2013), à l’exposition Close to me de Guillaume Lasserre (2015), au Mois de la Photo (2015), à Paris Photo (2016). Elle participe au Prix découverte à Arles en 2017 avec «les Nocturnes» qui seront aussi présentées à la FIAC la même année. Elle poursuit son travail de recherche vers les paysages extrêmes lors d’une expédition au Groenland en 2018 et est invitée à produire et montrer ce travail, «les Portes de glace» au centre d’art Labanque (Béthune) pendant l’année 2018-2019 pour le 3e volet de la trilogie sur Georges Bataille (La traversée des Inquiétudes, commissaire Léa Bismuth).
INFORMATIONS PRATIQUES : "Vertiges, 3ème Volet de la Trilogie - La Traversée des Inquiétudes" du 8 septembre 2018 au 10 février 2019 à LABANQUE (44 place Georges Clemenceau - 62400 Béthune) & "Chaumont-Photo-sur-Loire" du 17 novembre 2018 au 28 février 2019 au Domaine de Chaumont-sur-Loire (Ferme du Château - 41150 Chaumont-sur-Loire)
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