Rencontre avec Denis Drouin, responsable de production à Picto Bastille (2nde Partie)

Ce mois-ci, nous avons rencontré le chef d’orchestre de la production du laboratoire Picto Bastille : Denis Drouin. Il est celui qui supervise les différents services, armé d’une équipe de 60 personnes. Ce diplômé de physique et passionné de photographie a débuté sa carrière en tant que tireur cibachrome. Evoluant au sein de l’entreprise Picto depuis 1986, il est depuis 2006 le responsable production de l’antenne de Bastille. Ce grand travailleur à la recherche de défis et de challenges, au laboratoire comme dans la vie, a répondu à nos questions.
Suite de l'entretien.
 
 
De responsable du service numérique, vous êtes passé responsable de production de tout le site.
 
En 1999, je suis devenu le responsable de production. Je devais gérer tous les services de production avec le développement de films E6 C41 qui était très important, la retouche traditionnelle, le dupli, la repro et le service tirage. Avec une équipe de 50/60 personnes qu’il fallait manager. Et là c’est tout un autre pan du métier que j’ai découvert avec la gestion statistique et la rentabilité des productions…
 
 
Le développement du numérique des années 2000 n’a pas été sans conséquence pour le laboratoire.
 
En effet, dans les années 2000/2001, c’était le grand pic, tout allait bien, c’est après que tout s’est effondré.
Picto qui avait toujours été en expansion a commencé à se réduire. Le développement du numérique a fait énormément de mal, beaucoup de sociétés ont internalisé leur production, et les photographes également.
La partie du développement films était vraiment le cœur de métier chez Picto, cela représentait un chiffre d’affaire considérable. Et tout à coup, plus de films, plus de photographes, plus de tirages… Les photographes faisaient leurs tirages eux-même avec de petites imprimantes.
Il a fallu tenir bon. Il y a eu 7 années vraiment difficiles au point que Front de Seine a fermé. Nous sommes donc arrivés ici, à Bastille, en 2006. La réunion des deux labos n’a pas été évidente. C’était deux mondes différents, entre la culture annonceurs/entreprises et celle des photographes. Les deux ont eu du mal à cohabiter au début. Le responsable de production de Bastille est parti j’ai donc repris l’antenne en faisant en sorte que tout le monde cohabite et arrive à travailler ensemble.
Ce qui a redynamisé le tirage c’est le service Picto Online, ça a été un vrai plus. On avait commencé très discrètement à Front de Seine en 2006. C’était du offline, mais on proposait aux clients de déposer leurs fichiers numériques et on faisait leur tirage à un prix moins onéreux que les tarifs pros. Avec l’arrivée de la plateforme vers 2007/2009, on a commencé à retrouver des clients, les photographes notamment. Cette plateforme était une très bonne idée. Et nous sommes le seul laboratoire à proposer un tel niveau de prestation via le online.
 
 
Quel est votre rôle en tant que responsable de production à Picto Bastille ?
 
J’encadre une soixantaine de personnes dans les différents services. Chaque jour, je m’assure que la production se fasse dans de bonnes conditions.
L’un des rôles majeurs d’un responsable de production est d’être l’interface commerciale. Je pars du principe qu’on ne dit jamais non, on doit toujours pouvoir trouver une solution. On doit produire dans les délais impartis avec le moins de problèmes possible. Car des problèmes, il y en a toujours, mais c’est aussi l’intérêt de ce poste. Ca peut être une panne machine, des absences dans un service… il y a le facteur humain qui est imprévisible. Il faut s’organiser. J’aime bien résoudre les problèmes, c’est un challenge à chaque fois.
Dans la production, il y a des saisonnalités, on essaye d’anticiper comme les fêtes de fin d’année, ou le mois de juin pour le service des expos, mais ce n’est pas toujours facile. Le plus gros problème aujourd’hui c’est que la notion de délais n’existe plus. Qu’il y ait un ou 3000 tirages, le client veut de l’immédiateté.
 
 
Quels sont, selon vous, les qualités indispensables pour être responsable de production ?
 
Avoir une bonne écoute est primordial, qu’elle soit au niveau du personnel et des commerciaux. Et puis avoir une organisation très développée pour savoir prendre des décisions rapidement.
Ce qui est important aussi au niveau de la gestion humaine, c’est de savoir valoriser son équipe, et ce quel que soit le poste, d’un retoucheur star à un opérateur lambda. Ils sont tous importants ici. Le niveau n’est pas le même mais il faut arriver à les accompagner, les faires progresser s'ils le souhaitent. Il faut repérer ceux qui souhaitent évoluer et ne pas les laisser dans un poste qui ne les intéresse pas ou plus.
C’est la marque de Picto de vouloir accompagner ses collaborateurs sur le long terme. C’est assez rare, on est en majorité tous là depuis longtemps. C’est une société familiale, et les gens s’attachent à Picto, réellement.
 
 
Avez-vous un souvenir marquant, une anecdote à partager avec nos lecteurs ?
 
Un jour, l’un de nos commerciaux, François George, nous a fait une demande assez insolite. C’était pour le festival des Rencontres d’Arles, il fallait réaliser un tirage en un seul morceau de… 42 mètres de long. C’était un vrai défi. 42 mètres c’est un rouleau de papier en entier, on ne l’avait jamais fait. Généralement quand on fait des tirages on les fait par lot, mais généralement sur 4 ou 5 mètre, pas plus car le papier se met de travers dans la développeuse. Alors, on a décidé de tenter cette production ! À l’époque il y avait Thierry Constant et Yannick Cléry au lambda. Ils ont réussi à exposer le rouleau entier et le développement en une seule fois dans la machine. Première tentative, tentative réussie ! On est assez fier de cela.
 
 
Portrait : © Marine Ferrante.
 
A LIRE :
https://www.pictoonline.fr/blog/article/rencontre-denis-drouin-responsable-production-picto-bastille-1