L’Atelier Filippo pour un retour au traditionnel noir et blanc chez Picto
L’Atelier Filippo pour un retour au traditionnel noir et blanc chez Picto
Lorsque le laboratoire Picto voit le jour en janvier 1950, sa chambre noire comprend six agrandisseurs. 70 ans plus tard, Picto a considérablement grandi, et a suivi les révolutions technologiques pour se doter aujourd’hui des meilleures technologies numériques. Si l’argentique fait partie intégrante de l’ADN de Picto, l’ouverture de l’ATELIER Filippo opère un véritable retour aux sources avec du tirage et du développement traditionnel argentique en noir et blanc. Quelques mois après son inauguration, nous avons rencontré l’un des trois tireurs experts de ce nouveau labo à l’ancienne, Christophe Pete.
Lorsque le laboratoire Picto voit le jour en janvier 1950, sa chambre noire comprend six agrandisseurs. 70 ans plus tard, Picto a considérablement grandi, et a suivi les révolutions technologiques pour se doter aujourd’hui des meilleures technologies numériques. Si l’argentique fait partie intégrante de l’ADN de Picto, l’ouverture de l’ATELIER Filippo opère un véritable retour aux sources avec du tirage et du développement traditionnel argentique en noir et blanc. Quelques mois après son inauguration, nous avons rencontré l’un des trois tireurs experts de ce nouveau labo à l’ancienne, Christophe Pete.
Christophe, vous êtes aujourd’hui - avec Laurent Hutin et Christophe Batifoulier - l’un des tireurs de l’ATELIER Filippo, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai une formation en Arts Plastiques, mais je me suis très rapidement intéressé à la photographie. Pendant mes études, entre 18 et 23 ans, j’étais photographe pigiste en presse pour Le Parisien pendant 2 ans, puis je me suis associé à un autre photographe. Nous faisions de la prise de vue en studio, du reportage, et nous réalisons nos tirages noir et blanc et couleur. Entre ce que j’avais appris à l’université et l’expérience acquise en laboratoire, à la fin de mes études j’ai décidé d’intégrer le laboratoire Central Color en tant que tireur filtreur à l’agrandisseur. C’était il y a 30 ans. À l’époque, je ne faisais que du tirage exposition baryté en noir et blanc et principalement en Cibachrome pour la couleur. Comme beaucoup, j’ai intégré différents labos, où j'y ai reçu différentes formations, notamment celle de scanériste. Je suis arrivé chez Janvier il y a 17 ans en tant que scanériste. Aujourd’hui, mes fonctions vont du tirage numérique jet d'encre ou argentique (C-print Lambda) en passant par la numérisation ou le calage chromatique CMJN pour la presse ou l'édition, et avec l’ouverture de l’ATELIER Filippo, je suis revenu à mon premier métier de tireur sur agrandisseur.
Vincent Marcilhacy, Paolo Roversi et Christophe Batifoulier dans l'Atelier Filippo
Pouvez-vous nous raconter dans quel contexte a été créé l’Atelier Filippo ?
À l’origine, c’est Christophe Batifoulier, célèbre tireur au sein du laboratoire Picto, qui souhaitait proposer un service un peu à part pour revenir au développement film et au tirage traditionnel mais surtout pour proposer le tirage au platine palladium. Avec Denis Drouin, responsable de production à Picto Bastille, ils ont commencé à réfléchir à ce projet. “Bati” comme on l’appelle, s’est donc formé au platine palladium. Philippe Gassmann, directeur général de Picto, était très enthousiaste à l’idée de reprendre le noir et blanc traditionnel, avec un retour du développement, car nous avions de plus en plus de demandes pour cela. Ce labo devait être installé à Picto Bastille, mais il y avait un problème de place. De notre côté chez Janvier (ndlr : du groupe Pictoral), nous avions au sous-sol sur 1/4 de notre surface, notre activité de photogravure, que nous allions déménager dans d’autres locaux. C’était ainsi un espace d'environ 100 m2 qui se libérait. La localisation était trouvée, il ne manquait plus qu’à trouver tout le matériel et nous avions une solution en tête...
Bati et moi-même sommes depuis de nombreuses années les tireurs de Paolo Roversi respectivement pour le noir et blanc Piézographie entre autre et la couleur en procédé FujiFlex fait au Lambda. Je connaissais bien Filippo, le fils de Paolo, il avait une petite société et faisait du tirage argentique et numérique. Lorsqu’il est décédé, Paolo m’a contacté pour savoir si nous étions intéressés pour reprendre son matériel numérique. Nous nous sommes déplacés avec mon responsable technique, et j’ai demandé si le matériel du laboratoire argentique était aussi à vendre, à l’époque il ne souhaitait pas y toucher… C’était il y a 2 ans. Alors nous avons décidé de demander à nouveau à Paolo en lui soumettant notre projet. Il a tout de suite compris l’utilité et la fonction de ce labo, il a donc accepté de nous confier le matériel. C’était exactement ce dont nous avions besoin, nous allions faire revivre le labo de Filippo. C’est donc naturellement que nous avons proposé de nommer cet atelier en hommage à Filippo.
Et ce que l’on peut dire, c’est qu’aujourd’hui l’atelier est quasiment la copie conforme du laboratoire de Filippo, nous l'avons reconstitué presqu'à l’identique. Tout a été réutilisé, à la machine près.
Labo, Atelier Filippo
Quelles sont prestations proposées par l’ATELIER Filippo ?
L’idée première était de faire à nouveau du développement film noir et blanc avec planches contacts, et du tirage au platine palladium. Petit à petit, on s’est dit qu’il serait intéressant d’y ajouter en plus le tirage traditionnel baryté sous agrandisseur.
Dans cet atelier, nous ne souhaitons pas faire de la grosse production, ce n’est pas l’esprit, on veut proposer aux photographes une offre haut de gamme, du sur-mesure. Nous réalisons donc du développement à la carte, au film à film, avec des révélateurs au choix.
À qui s’adresse l’ATELIER Filippo ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas forcément, et surtout pas uniquement les photographes de l’ancienne génération. Le développement et le tirage s’adressent aux photographes qui travaillent ou qui ont travaillé en argentique, toutes générations confondues. On remarque que l’argentique revient en force, et notamment auprès des plus jeunes.
Pour le tirage au platine palladium, par contre, les utilisateurs du numérique seront séduits car ils pourront être réalisés par contact d’un négatif Piézographie, à partir d’un fichier numérique. Cela à l’avantage de pouvoir créer un négatif à la dimension souhaitée jusqu’au 35 x 45 cm (dans le futur la dimension maximale du papier sera de 58 x 76 cm).
Nous sommes conscients que cela reste un marché de niche, très confidentiel, mais l’annonce de l’ouverture de l’ATELIER Filippo attire de plus en plus de clients.
Préparation tirage platine palladium par Christophe Batifoulier
Le retour du traditionnel, une bonne nouvelle pour le marché de l’art ?
Avant, les galeries ou les collectionneurs ne juraient que par l’argentique. Pour la couleur, ils proposaient principalement du Cibachrome ou du baryté pour le noir et blanc. Mais l’arrivée et l’évolution du numérique ont été telles, qu’ils n’ont pas eu le choix et qu'ils ont dû s'adapter aux nouvelles technologies d'impression. Si on prend le Lambda, c’est un excellent procédé numérique d’autant qu’il ne faut pas oublier que le développement et le papier, eux, sont argentiques. Je pense qu’aujourd’hui les collectionneurs ont bien intégré les tirages réalisés en Lambda ou en impression pigmentaire (jet d'encre). On commence à avoir beaucoup de recul, et on se rend compte qu’ils tiennent parfaitement dans le temps.
Personnellement, je n’ai jamais eu aucun retour sur des problèmes liés à la conservation avec le jet d’encre ou le C-print (Lambda).
Ici, il n’est pas question de mettre en concurrence les procédés argentiques vs numériques, ils sont complémentaires ! Mais les galeristes sont heureux de réintégrer du noir et blanc traditionnel, ça va de nouveau dans leur sens.
Photos : © Marine Ferrante
INFORMATIONS PRATIQUES
ATELIER Filippo
Chez Janvier
42, rue de Rochechouart
75009 Paris