Le Livre du Mois : « Ekifire » de Frédéric Noy
Le Livre du Mois : « Ekifire » de Frédéric Noy
Les éditions Neus viennent de publier « Ekifire » du photographe français Frédéric Noy. Un travail au long cours, réalisé entre 2012 et 2018, sur la communauté LGBT en Afrique de l’Est. À travers un grand nombre de rencontres et de témoignages, il décrit la situation d’hommes et de femmes qui peinent à survivre. Ils sont originaires d’Ouganda, du Burundi ou du Rwanda, pays où l’homosexualité et la transidentité sont sévèrement condamnées.
“Je suis partagé entre la bonne conscience du témoin éclairé et la mauvaise conscience de celui qui sait qu’il ne fera pas le voyage jusqu’au bout. [...] Mon travail achevé, ma conscience me tourmente. Ne les ai-je pas abandonné.es au moment où l’horizon s’obscurcit ?” - Frédéric Noy
L’ouvrage débute par un texte d’une grande sensibilité, écrit par le photographe lui-même, dont les travaux sont réalisés principalement sur le territoire africain. Ce sujet sur la communauté LGBT révèle une situation sociale tragique, quand elle n’est pas tout simplement désespérée. Dans ses écrits, le photographe questionne sa légitimité dans cette quête de défense des droits LGBT et de protection de ses citoyens. En Afrique, les homosexuel.les et les transgenres sont considéré.es comme des criminels, voire même des sous-humains. L’Ouganda par exemple - qui compte parmi les 5 pires pays africains répressifs sur la question - condamne à la prison à vie, tandis que ses pays voisins, comme le Soudan ou la Somalie, appliquent radicalement la peine capitale. Dans ces 3 pays explorés par le photographe, que sont l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda, on constate que les lois des états ne sont pas les pires; il y a celles de la famille, qui punit sévèrement par des violences physiques, pouvant aller jusqu’à la mort. Il y a également les règles sociales qui poussent à la marginalisation et à l’isolement de ces communautés LGBT. Bien souvent, il leur est impossible de mener une vie ordinaire, de trouver un travail, un logement et de vivre pleinement ce qu’ils sont réellement.
Huit ans durant, Noy a photographié ces combattant.es, qui luttent parfois au péril de leur vie, ceux qui sont appelé.es “Ekifire”, qui signifie “demi-mort”, terme utilisé par le Président ougandais Yoweri Museveni. Pour dénoncer cette violence, Frédéric Noy, mêle des portraits aux scènes de vie, mais surtout des témoignages et des légendes, rassemblés au cœur du livre, tous aussi douloureux les uns des autres...
Photo de couverture : Kigali, Rwanda B., un transgenre, vit de prostitution et prend régulièrement des stupéfiants pour supporter son existence marginalisée © Frédéric Noy
Informations pratiques
Ekifire
Frédéric Noy
Neus éditions
264 pages, 18 x 23,3 cm
Sortie en janvier 2020
EAN13 : 9791092388091
36 €
Adresses pratiques
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