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Le succès de sa petite maison d’édition sera quasi-immédiat. Son premier ouvrage “Ramadan in Yemen”, avec les photographies de Max Pam est classé, par Martin Parr, meilleur livre de l’année dans l’History Photobook. Comme Pierre Bessard nous le confie “ça a été un vrai tsunami, en quelques jours, plus d’une cinquantaine d’anglais se sont précipités pour acheter le livre, ensuite les commandes arrivaient de partout dans le monde !”. Le célèbre photographe britannique sélectionne par la suite son second livre consacré à Wang Qingsong, dans le Chinese photobook, parmi les meilleurs livres de photographie chinoise.

 

Les éditions Pierre Bessard sont rapidement hissées parmi les maisons d’édition photo à suivre. Il se constitue ainsi une clientèle pointue et fidèle, parmi elle, plus de 2000 collectionneurs. Ses ventes se font en direct, et aujourd’hui, la majorité de ses ouvrages se vendent en quelques jours seulement. Cette situation financière lui garantit d’être autonome et de produire entièrement le coût de ses éditions.

“Pour réaliser mes livres, j’ai un budget illimité, je ne regarde pas combien cela me coûte, l’important est le résultat. Par contre, tous mes livres sont vendus au prix de 75€, par conséquent, parfois la marge sera très réduite. Je viens de sortir un Duane Michals, il est cher à produire, j’aurais dû le vendre plus cher normalement. Mais comme je n’ai pas de distributeur, je peux me le permettre”.

 

Pierre Bessard est particulièrement productif, chaque année il publie une douzaine de livres. Depuis la crise sanitaire, alors que la majorité des éditeurs ont été contraints de freiner leur production, il enregistre une hausse de ses ventes et de ses projets. Pour 2021, ce sont plus de 20 ouvrages qui vont être édités !

 

Ce succès, Pierre Bessard l’explique par une stratégie à contre-courant des autres éditeurs français dédiés à la photographie. Chaque ouvrage ne dépasse pas les 500 voire 1000 copies, hormis quelques très rares exceptions. Ce qui l’intéresse c’est avant tout de penser chaque livre comme un objet de collection unique. La direction artistique et l’impression sont primordiales. “Mes collectionneurs savent ce qu’il vont trouver dans mes livres. L’impression des images se fait à 300 points, c’est quasiment un tirage”.

 

 

Depuis la création de sa maison d’édition, chaque livre est accompagné d’un tirage photographique. Les éditions spéciales vont contenir de plus grands tirages, en 24x30 ou 30x40, avec un nombre d’exemplaires plus réduit, à 30, parfois plus, en fonction du projet. Le tirage est ainsi intégré à l’édition de façon plus sophistiquée, et fait intégralement partie du projet d’édition.

“PICTO a toujours réalisé les tirages pour mes éditions. Chaque tirage est un tirage chimique réalisé en Lambda, mais en fonction des travaux, le format et le support peuvent changer. Cependant, aujourd’hui, pour des raisons de praticité, tous les tirages font le même format. Je choisi la photographie qui sera le tirage de tête, et François George s’occupe de toute la production. Il sait exactement ce que j’attends, 5 mm à gauche, à droite, en haut et 1 ou 1,5 cm en bas en fonction du type de papier et la taille pour intégrer la signature. Il m’envoie un tirage de test que je valide et dès le lendemain j’ai l’ensemble des tirages, en 24h chrono ! Je fais parvenir les tirages à l’auteur pour qu’il puisse signer ses tirages, avant de les recevoir à nouveau pour les intégrer à l’ouvrage. François George est d’une grande rigueur et efficacité. S'il y a un problème, il est toujours très réactif. Mais sur les 100 livres, c’est peut-être arrivé une seule fois. Finalement, François est plus exigeant que moi sur les tirages.”

 

 

Photos : One Sunday in Beijing R (Limited Edition 700+ C Print) Michael Kenna Editions Bessard, 2018.