Argento-numérique ou jet d’encre ?
Argento-numérique ou jet d’encre ?
L’argento-numérique et le jet d'encre pigmentaire sont aujourd'hui les deux procédés de référence du tirage photo professionnel. Il est pourtant parfois difficile de choisir tant les différences de rendu se sont estompées entre les deux techniques ces dernière années. Pour autant, chacune a ses spécificités. Comparaison entre ces deux procédés, histoire de mieux s’y retrouver.
Des procédés éprouvés
L’argento-numérique est l’héritage de l’argentique classique. Il permet de réaliser des agrandissements couleur ou véritable noir et blanc à partir d’un fichier numérique – et non plus à partir d’un négatif – sur du papier photo argentique. Le support est exposé à une image décomposée en un jeu de faisceaux laser bleu, vert et rouge, puis développé chimiquement selon un procédé argentique traditionnel chromogène ou noir et blanc. L’opération est réalisée en 2 temps dans un « imageur » – sorte d’agrandisseur numérique – puis dans une développeuse chimique contrôlée dans les règles de l’art. C’est un procédé éprouvé, qui a depuis longtemps fait ses preuves. Son avantage : il permet de réaliser des tirages au format, résistants aux manipulations avec une permanence connue du milieu de la collection.
Plus récente, l’impression jet d’encre pigmentaire repose sur la réalisation, toujours à partir d'un fichier numérique, d’une image couleur ou monochrome à l’aide d’une imprimante photo de plus ou moins grande taille. L’image est produite par projection de microgouttelettes d'encres noires et de différentes couleurs – en général cyan, magenta et jaune – sur un support spécialement adapté pour les fixer. C’est un procédé également éprouvé, qui permet de réaliser des tirages de très grande qualité. Son avantage : un espace coloré plus important que les procédés argentiques traditionnels et une variété de supports plus importante. En revanche, les tirages sont plus fragiles et sensibles aux abrasions.
Une grande variété de supports
Le tirage argento-numérique permet l’utilisation de papiers photo classiques, comme les papiers de type RC — ou Resin coated — adaptés à l’utilisation en bains chimiques. Pour le noir et blanc, on privilégiera l’emploi de papiers barytés, ou « cartoline », réputés pour leur aspect « galerie ».
Il permet même l’emploi de supports translucides, transparents ou haute réflexion. Tous ces supports confèrent aux tirages une parfaite tenue et des dégradés subtils, tout en offrant un rendu mat, satiné, brillant ou super brillant. La laize utile des supports argentiques disponibles est de 1,25 m.
L’impression jet d’encre offre un choix de papier encore plus étendu, avec une large gamme de papiers fine art mats dont la couche de surface, constituée de différents composés minéraux, présente un grain plus ou moins marqué et donne un ton chaud ou froid à l’image. On retrouvera les papiers de type baryta présentant une texture rappelant le papier baryté argentique. Enfin, il est possible d’utiliser des papiers japonais composés de fibres naturelles comme le bambou, le chanvre, le mitsumata ou le mûrier, qui confèrent aux tirages de l’authenticité et du caractère. Les possibilités sont très nombreuses et offrent une grande palette de rendus. La laize utile des supports jet d’encre disponibles varie de 85 cm à 1,50 m.
Pour le gamut et l’effet de netteté : le jet d’encre en tête
Grâce à la haute résolution de l’imageur et son ton continu, le tirage argento-numérique offre une très belle dynamique. Il permet de restituer une large plage de contrastes entre les zones claires et les zones sombres, sans « boucher » ces dernières. Il garantit également une bonne restitution des couleurs, plus ou moins vives selon la brillance du support utilisé.
Le tirage jet d’encre pigmentaire reste cependant plus performant. En fonction du type de papier utilisé, il pourra offrir un gamut beaucoup plus étendu et une plus grande précision dans les détails avec un effet de netteté apporté par la trame.
Conservation dans le temps
Ici encore, avantage au jet d’encre. Ce procédé emploie une encre composée de matière organique encapsulée dans de microscopiques bulles de résine. Cette technique, associée à la taille des particules et aux nombreux autres ingrédients qui entrent dans la composition des encres, offre une bonne résistance des impressions aux altérations du temps. Les encres aux pigments de carbone notamment, employées dans le véritable noir et blanc, permettent d’atteindre une permanence encore supérieure à celle des encres pigmentaires. La permanence des encres pigmentaires est estimée de 2 à 3 fois supérieure à celle des procédés argentiques couleur dans les mêmes conditions d’exposition.
Prix du tirage
A format et support équivalent, le tirage argento-numérique reste un procédé moins onéreux que le jet d’encre, dont le prix peut être élevé selon la qualité du support employé.
En conclusion
Pour un tirage grand format de bonne qualité à petit budget destiné à être utilisé tel quel ou contrecollé, préférez l’argento-numérique. Pour des tirages avec des couleurs très saturées ou pour des très grands formats, le jet d’encre pigmentaire sera plus adapté.